Surface
Tirages 100x100cm
Paris 1984 (extrait)
Texte d’Annie Cohen paru dans le catalogue de l’exposition à la Chartreuse de Villeneuve-Lez-Avignon :
Ici, chaque image questionne la photographie.
Chaque image met en péril l’art photographique.
Ici, le débat est théorique, radical et théorique.
Quelle photographie prendre ?
La photographie de Genève Cotté cache plutôt qu’elle ne révèle, préserve un mystère
plutôt qu’elle ne le dévoile.
La photographie dit non à la photographie.
Un non douloureux, grave et douloureux.
Le corps se prête sans complaisance au temps nécessaire d’une prise de vue. Entre les mains expertes de l’esthéticienne, le traitement de l’image se confond avec celui du corps. L’esthétique est prise au pied du corps. Travail de propreté. Mise au point. La Photographie extraite alors d’une nécessité vitale devient la preuve irrécusable d’une victoire sur la photographie.
Serait-ce une victoire sur la mort ?
Et on en vient à une image qui parle de ce qui ne peut être nommé, image du corps qui porte en lui son propre négatif. Mise en scène d’une obscurité essentielle, mise en image du travail de la mort. État de prière. Lumière. Le corps s’expose alors aux rayons d’un soleil qui tente de pénétrer l’espace secret de son imaginaire.
Tout comme la bobine du film, le corps se plaît à dérouler l’obscurité. Et l’image du corps nu transmet l’image, l’unique, celle qui résumerait la photographie, celle qui serait l’image de la photographie.
Ici, on ne prend pas une photographie.
On prend la photographie.
Le corps préserve ce que la photographie transmet. Dialectique complexe d’un œil qui prend ce qui ne peut être vu.
Annie Cohen
http://www.m-e-l.fr/annie-cohen,ec,760